« Quelle place pour les CFI dans le déploiement de l’AFEST ? »
(Action de Formation En Situation de Travail)
était le thème de la rencontre organisée par QualiPro-CFI le 7 juin 2019 ;
Avec les interventions d’Anne-Lise Ullmann, maître de conférences, enseignante au CNAM en ingénierie de formation, analyse du travail et intervention, Véronique Chauvin, Responsable Innovation et Qualité de l’Offre de formation chez AGEFOS-PME et de Frank Savann, consultant expert en développement RH, ingénierie et qualité de la formation et développement de l’AFEST.
Leurs interventions ont permis de faire émerger et de formaliser plusieurs problématiques et pistes pour penser la stratégie de l’activité d’un CFI.
Rappelons que les critères pour qualifier une action de formation d’AFEST sont définis par le décret n°2018-1341 du 28 décembre 2018 ; celle-ci doit comprendre :
1 – l’analyse de l’activité de travail pour, le cas échéant, l’adapter à des fins pédagogiques ;
2 – la désignation préalable d’un formateur pouvant exercer une fonction tutorale ;
3 – la mise en place de phases réflexives, distinctes des mises en situation de travail et destinées à utiliser à des fins pédagogiques les enseignements tirés de la situation de travail, …
4 – des évaluations spécifiques des acquis de la formation qui jalonnent ou concluent l’action.
Plusieurs points marquants ressortent des exposés des intervenants et des échanges des participants :
– il sera nécessaire de prendre en compte ce cadre légal pour qu’une action de formation soit reconnue en tant qu’AFEST ! Une AFEST n’est ni de la formation sur le tas, ni du coaching, ni du tutorat,
– la mise en œuvre d’une AFEST comportera une phase préalable d’analyse du travail orientée vers l’action pédagogique, analyse a priori plus approfondie que l’habituel recueil des besoins de formation,
– la configuration d’une AFEST est directement liée à la problématique de développement des compétences spécifiques à la situation de travail particulière dans la structure où elle prend place,
– une AFEST sera le plus souvent une construction pédagogique spécifique, hybride, pouvant recourir à différentes méthodes et à différents supports pédagogiques, l’essentiel étant que ces divers composants s’inscrivent dans un parcours clairement défini de développement des compétences,
– les organismes financeurs, dont les ressources seront encadrées, devront probablement sélectionner les AFEST qu’ils financeront ; il est possible que ces financements se fassent sous la forme de forfaits, compte tenu de la difficulté à appréhender chaque situation particulière.
Une AFEST bien conduite apporte des avantages significatifs tant à l’apprenant qu’à l’entreprise. La réalisation d’une AFEST semble particulièrement opportune lorsque l’entreprise a besoin d’une meilleure adaptation de ses collaborateurs à leur environnement de travail.
Le déploiement de l’AFEST peut représenter une opportunité de développement pour l’activité d’un CFI. Toutefois, les différentes caractéristiques repérées ont notamment pour conséquences, du point de vue du CFI, de :
– devoir disposer d’une compétence en analyse du travail et en ingénierie de formation,
– se rapprocher d’autres CFI ou de structures permettant de réunir des compétences complémentaires pour construire et mettre en œuvre ce dispositif hybride,
– être très attentif au modèle économique d’une AFEST, que l’on peut appréhender aujourd’hui comme très différent du modèle économique d’une action de formation « classique ».
De manière plus ciblée, les CFI pourront notamment orienter leurs offres vers les thématiques suivantes : l’analyse du travail orienté vers le développement des compétences, la préparation des formateurs- tuteurs internes, la mise en place de dispositifs permettant un travail réflexif et l’élaboration et la mise en œuvre de dispositifs d’évaluation des acquis des compétences.
Dans le cadre des activités de QualiPro-CFI, nous maintiendrons une veille sur la mise en œuvre de ce nouveau dispositif de développement des compétences, innovation très stimulante, mais qui apparaît, d’ores et déjà, comme complexe (et risqué) dans sa mise en œuvre, de manière à intégrer des critères spécifiques dans l’étude des candidatures pour l’inscription.
Olivier Gourbesville, administrateur
2 septembre 2019